La firme DeepMind vient de publier hier plus de 200 parties jouées par AlphaZero contre Stockfish en début d’année. AlphaZero est la fameuse machine qui apprend les échecs en jouant contre elle-même.
Comme la fois précédente AlphaZero a nettement dominé le match, et a joué dans un style agressif parfois époustouflant.
Il y aura moins de polémiques cette fois-ci concernant les modalités et la cadence du match car ils ont donné un confortable 3h + 15s aux machines, ce qui ne défavorise pas Stockfish.
AlphaZero sacrifie souvent du matériel, et obtient des positions avec compensations. Égales selon les modules d’analyse classiques, ce que les humains traduisent par égalité dynamique.
Des sacrifices “spéculatifs” d’un genre nouveau : jamais inférieurs, mais pas forcément avantageux. Comme si l’imagination débridée de Tal était cadrée par la rigueur d’une machine à calculer.
Est-ce que ce style de jeu est l’avenir des échecs ? Est-ce qu’on doit jouer de préférence les ouvertures réinventées par AlphaZero ?
A mon avis les sacrifices d’AlphaZero sont la seule façon qu’il a trouvé pour pouvoir gagner contre lui-même ou n’importe quelle machine qui calcule très loin. Une façon de trouver des chances pratiques. Ça donne des occasions au défenseur de se tromper, aveuglé par l’effet d’horizon (quand le mat est au 15e coup alors que le défenseur a calculé jusqu’au 14e seulement). Mais ça ne signifie pas que le sacrifice est forcément gagnant. Et encore moins que ce style de jeu est adoptable par des humains !
Quand aux ouvertures préférées d’AlphaZero je suppose qu’elles sont les meilleures pour avoir l’opportunité de faire ces sacrifices.
Mon impression générale c’est que ces parties sont fascinantes, mais qu’elle ne vont pas beaucoup changer la façon de jouer des meilleurs humains. Les défenseurs ont encore un bel avenir devant eux, leurs adversaires ne sauront jamais attaquer comme des machines !
Une partie très impressionnante d’AlphaZero (une immortelle ?) :
époustouflant en effet!