Euwe M., Jugement et Plan

Payot, 1973

 

Ce manuel de stratégie plutôt classique a une originalité annoncée par son titre : chaque diagramme proposé est analysé suivant une méthode qui consiste à établir un jugement, puis à définir un plan. C’est la suite de Position et combinaison.

L’ex Champion du Monde – et professeur de mathématiques – est un excellent pédagogue, et ce livre est agréable à lire, avec plus de texte que de variantes. Cependant le style est un peu vieillot – normal pour un ouvrage publié en 1952 – et la traduction est approximative pour certains termes techniques, par exemple les colonnes sont “demi-ouvertes” au lieu de “semi-ouvertes”.

Bizarrement le court 1er chapitre ne parle que de positions très tactiques, mais c’est pour mieux évacuer le sujet et se concentrer ensuite sur la stratégie. Dans le chapitre 2 – La majorité de pions sur l’aile-dame – l’auteur présente de bonnes parties très instructives, en commençant par deux gains de Botvinnik. Dommage qu’il présente uniquement des victoires pour le détenteur de la majorité à l’aile-dame, ça peut donner la fausse impression au lecteur que cet atout positionnel est suffisant en soi pour gagner une partie.

J’aime bien le chapitre Cavalier contre mauvais Fou, avec encore d’excellents exemples – par exemple sa défaite contre Alekhine à Londres en 1922. Ça aussi c’est appréciable : Euwe montre régulièrement ses défaites , il est plus modeste que d’autres… Je me demande bien pourquoi il n’a pas aussi écrit un chapitre sur les nombreuses situations où le fou est supérieur au cavalier.

Son chapitre Pions faibles traite du pion isolé, des pions pendants (nommés malheureusement pions en l’air) et du pion arriéré. C’est très court pour un sujet aussi vaste, mais ça peut constituer une base solide pour quelqu’un qui découvre ces sujets.

Le chapitre Colonnes ouvertes commence par l’utilisation des colonnes semi-ouvertes et plus particulièrement une étude de l’attaque de minorité. Avec encore des exemples très parlants, et une bonne suggestion défensive à la fin. Ensuite quand l’auteur s’attaque au sujet proprement dit de la colonne ouverte il cite le travail de Nimzowitsch, et réutilise les exemples classiques du grand théoricien. Dans un style littéraire beaucoup plus sobre !

Recommandé entre 1200 et 1800 élo. Idéal pour acquérir de bonnes bases stratégiques.

avec Xavier Bédouin, MI et Maître-Entraîneur